Écouter les milieux forestiers pour repérer les pollutions sonores qui interfèrent avec la biodiversité. Tel est l’objectif du projet Sonosylva, lancé en mars 2024.
Le projet, porté par l’Office français de la biodiversité et le Muséum national d’histoire naturelle, conduit des chercheurs du CNRS à établir un spectre complet des espèces animales vivant dans les milieux forestiers à partir de leur niveau sonore. Pour ce faire, un magnétophone est fixé sur un arbre de chacune des 101 forêts protégées de France. De mars à septembre, il enregistre une minute de sons par quart d’heure, un jour sur deux. Cette observation non-intrusive présente l’avantage de suivre rigoureusement l’évolution de la biodiversité animale d’un milieu sur le temps long.
Décrire scientifiquement les paysages sonores des forêts
Ce type d’étude éco-acoustique repose sur une fine analyse de la diversité sonore d’un milieu. Les enregistrements sont ainsi classés à partir de quatre catégories de sons :
- la « biophonie », sons émanant du vivant,
- la « géophonie », sons naturels non vivants (vent, pluie…),
- la « technophonie », sons produits par les activités humaines,
- l’ « anthropophonie », sons issus de la voix humaine.
Évaluer l’impact des pollutions sonores… et du climat
Moteurs de voitures et d’avions, tronçonneuses, loisirs, voix humaines… En tenant compte des sons d’origine humaine, Sonosylva va également pouvoir mesurer l’impact des activités humaines au-delà du seul aspect visible et spatial. En effet, en interférant avec les chants d’oiseaux, les stridulations d’insectes, les cris des mammifères, l’amplitude sonore des bruits humains peut perturber et brouiller les fréquences de communication animale, pourtant essentielle à leur survie.
Les chercheurs prévoient enfin de croiser les données récoltées avec celles fournies par Météo-France, pour évaluer l’impact des changements climatiques (crues, canicules, tempêtes) sur les milieux de vie animaux.
