Pourquoi des algues sargasses s’échouent aux Antilles ?

Mis à jour le | Commissariat général au développement durable

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Depuis 2011, les côtes antillaises et guyanaises font face à des échouements plus ou moins importants d’algues sargasses, avec des pics ces dernières années. Ce phénomène pose des problèmes sanitaires en raison des dégagements de gaz nocifs pour la santé (sulfure d’hydrogène, ammoniac) issus de la décomposition de ces algues, mais également environnementaux et économiques, ainsi que des problèmes logistiques pour évacuer des tonnes d’algues échouées. Des travaux de recherche sont en cours pour mieux connaître les origines du phénomène.

Illustration 3105
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©Daniel Jospeh-Reinette / Terra Légende de la photo : Sargasses sur les côtes de la Martinique

Les algues sargasses sont des algues brunes pélagiques, qui flottent à la surface de l’océan. Elles se développent habituellement dans la mer des sargasses, dans l’océan Atlantique, vers le Nord, et servent de refuge à de nombreuses espèces marines. Mais depuis 2011, ces algues s’échouent le long des plages des Antilles de façon plus ou moins régulière et peuvent s’étaler sur plusieurs centaines de kilomètres carrés. Ce phénomène nouveau est étudié de près par la communauté scientifique : deux conventions de recherche ont été signées entre le ministère chargé de l’environnement et l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) en 2015 afin de structurer la communauté de recherche et de définir un programme scientifique permettant d’avancer sur la connaissance de l’origine et des causes de ces échouements massifs.

Le travail réalisé dans le cadre de ces conventions et présenté en 2021 a permis de répondre à quelques questions. Les trois formes collectées appartiennent à deux espèces, identiques à celles de la mer des sargasses qui se reproduisent de manière clonale, elles présentent donc une faible variabilité génétique. Par ailleurs, le cycle annuel de ces algues apparaît comme un échange entre les régions d’accumulation orientale (côte africaine) et occidentale (Caraïbes). Les simulations informatiques et les observations satellitaires montrent que le transport via les courants explique bien l’accumulation au niveau de la côte africaine mais pas au niveau du bassin caribéen. Du côté des Antilles il faut envisager l’hypothèse que les sargasses aient trouvé dans l’environnement des éléments favorables à leur développement. Mais, contrairement à ce qui était couramment supposé auparavant, l’apport de nutriments par les grands fleuves en raison de la déforestation ne semble finalement pas en cause dans la prolifération des sargasses. Les mesures réalisées dans le cadre des conventions IRD révèlent que l’évolution et la variabilité de ces apports de nutriments ne sont pas corrélées avec l’augmentation massive des sargasses ou leur variabilité interannuelle.

Alors pourquoi se développent-elles aux Antilles depuis 10 ans ? Des travaux de recherche se poursuivent pour trouver de nouvelles pistes dans le cadre de plusieurs projets soutenus par l’Agence nationale de la recherche (ANR) via des appels à projets appelés « Sargassum » et en lien avec le projet « Sarg’Coop » financé dans le cadre du programme de coopération territoriale européenne Interreg et porté par la Région Guadeloupe.

Á la recherche de la nouvelle mer des Sargasses

Du 19 juin au 13 juillet 2017, une expédition scientifique conduite à bord de l’ANTEA, navire de la Flotte océanographique française, a permis à une équipe de chercheurs de réaliser un échantillonnage important de la faune et de la flore associées aux « radeaux des sargasses ». Ces algues brunes pélagiques présentes dans l’Atlantique tropical s’échouent depuis 2011 sur les côtes de l’Atlantique, du fait de la circulation océanique. Elles sont responsables de problèmes environnementaux, sanitaires et économiques importants, particulièrement dans l’arc antillais et en Guyane française.

Les chercheurs et enseignants-chercheurs de l’IRD, d’Aix-Marseille Université, de l’Université des Antilles, de l’Université de Bretagne occidentale ont effectué un périple de 25 jours entre la Guyane française, les Antilles et la mer des sargasses. Découvrez leur travail de repérage, d’échantillonnage et d’analyse des sargasses, dans ce film réalisé par IRD Images.

Production : IRD Images
Réalisation : Hubert Bataille
Conseillers scientifiques : Thierry Thibaut, Jean Blanchot, Sandrine Ruitton.
Durée : 20 minutes
Date : avril 2018
A noter : cette vidéo n’est pas sous-titrée

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